Chapitre 5: Et si... Ca ne servait à rien?
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30042013
Chapitre 5: Et si... Ca ne servait à rien?
Chapitre 5: Et si… ça ne servait
à rien ?
Le plus gênant dans toute cette histoire était, il fallait bien l’avouer, le télescopage entre ses souvenirs de ce qui n’était pas encore arrivé et la réalité avec toutes les possibilités qui s’entrecroisaient et se créaient à chaque fois qu’il faisait un mouvement. Il pouvait presque sentir la vapeur lui échapper par les oreilles. C’était comme cette patrouille : Est-ce qu’elle aurait dû avoir lieu ? Est-ce qu’il aurait dû accepter de donner les informations à Xhex ? Et là… reconnaitre ce lesser en particulier… Merde, normalement, ni John, ni Xhex ne devaient se trouver dans cette ruelle à ce moment-là. Pour autant qu’il s’en souvenait, c’était une soirée de repos pour les soldats et lui s’était tapé une murge monumentale en ayant vu Blay partir au restaurant au bras de Saxton. Sauf que ça n’avait pas eu lieu. Pourquoi ? Qu’est-ce qui avait conduit à ce changement ? Qu’est-ce qu’il ne fallait pas qu’il fasse ??
Xhex lui tapota le bras et commença à signer :
- Il se passe quoi ? On attaque ? Tu as l’air perturbé…
Il était sur le point de répliquer qu’il y avait de quoi mais il aurait fallu qu’il s’explique. Et… Xhex avait raison, il y avait cinq lessers qui attendaient qu’on les plante… sauf un. Merde… Il regrettait de ne pas pouvoir appeler V pour lui demander conseil. Mais il était un Frère, ou presque. Il devait réfléchir vite et agir encore plus vite. Il commença à signer rapidement pour que John et Xhex les éparpille pour qu’il en choppe un en particulier. Merci de ne pas poser de questions. La demi-sympathe regarda John mais aucun des deux ne fit de commentaire. Ils devaient sentir que c’était important et silencieusement, Qhuinn les remercia. Au lieu d’être furtifs, Xhex et John firent exprès de faire beaucoup de bruit et d’utiliser les armes à feu plutôt que les dagues. Technique de rabattage classique. Comme il s’y attendait, celui qu’il traquait, un tout nouveau lesser qui commençait à peine à perdre ses couleurs se carapata tout seul dans l’autre direction. Il ne connaissait pas les procédures si tant est que les gueules de plâtre en aient et il s’enfuyait tout seul alors que son salut était dans le nombre. Il y avait une autre raison à ça, en plus de son inexpérience… Ce lesser-là n’avait strictement aucune confiance envers les autres. Il y avait de quoi.
Qhuinn se dématérialisa devant le lesser qui tomba à la renverse et qui tentait de sortir son flingue de son holster.
- Tu t’appelles Jared. Les autres lessers t’appellent J et ça t’énerve parce que tu as la sensation qu’ils te rendent moins humain que tu ne l’es. Tu n’as pas voulu devenir un lesser mais tu t’y es cru forcé parce que tu es en couple avec une vampire et que tu ne veux pas mourir en la laissant seule.
- Comment…
- Ferme-la pour le moment. Ta compagne est enceinte. Elle va accoucher d’ici quelques jours.
- Je le sais, mais…
- S’il te plait… tais-toi.
Qhuinn soupira et sortit un bout de papier et un crayon. Il inscrivit une adresse, celle des parents qui l’avaient renié ainsi que son numéro de téléphone. Peut-être qu’il se trompait, peut-être qu’il accentuait les problèmes mais la vie réelle avait de ça de moins bien que les jeux vidéos : il n’y avait pas de sauvegarde et pas de petite musique indiquant que la quête avait été remplie. Néanmoins, il se pencha sur le lesser et lui fourra la feuille de papier dans la poche avant de la chemise de Jared.
- Dans une semaine, tu vas te demander quoi faire et comment gérer ce qu’il va t’arriver. Je veux juste que tu te rappelles de ce bout de papier et… que tu appelles ce numéro depuis le téléphone de la maison dont tu vois l’adresse. Je saurais que c’est toi…
- Pourquoi… ?
- Tu me poseras la question dans une semaine. Et… merde, mec, je suis désolé.
Qhuinn se releva et repartit dans l’autre sens. S’il ne se trompait pas, dans une semaine, il devrait aller dans son ancienne maison avec Butch et Rhage pour rencontrer le lesser. Pas pour avoir des informations, pas pour une embuscade… mais pour récupérer un petit bébé à moitié vampire et à moitié humain.
Rhip.
Un pas après l’autre. Doucement. Il devait faire le moins de bruit possible. Les habitants du coin n’étaient pas particulièrement attentifs aux sons d’habitude mais il n’y avait rien d’habituel cette nuit… et ce, depuis plusieurs nuits. En trois siècles, il n’avait pas vraiment éprouvé la terreur qui lui tordait les boyaux cette nuit-là. Ce n’était pas la mort, ce n’était pas la souffrance qui imprégnait les ruelles de terre battue… C’était la démence. Il n’avait jamais succombé à la folie même si sa trop grande intelligence le mettait au bord de la sociopathie. Aussi bizarre que ça paraisse, son seul frein à la paranoïa avait été la malédiction qui lui faisait entendre tout ce que pensaient ceux qui l’entouraient. Quand on sait, on a pas besoin de psychoter sur le possible…
Mais là… Rien ne lui parvenait mis à part les cris d’agonie d’esprits malades. Il avait l’impression de nager dans un charnier… Ce qui ne lui était pas arrivé depuis deux siècles et même lui, l’imperturbable Vishous, le Cœur de Glace, en avait vomi ses tripes avant de se terrer dans un coin et de ne plus bouger. C’était un mois après sa transition et son exclusion du camp de guerriers de son géniteur. Et maintenant, il se sentait comme alors, à barboter dans les corps des pestiférés qui avaient été jetés à la rivière. Il avait peur et se forçait à ne pas hurler. Il répétait le nom de Butch en boucle pour ne pas s’écrouler par terre, comme un mantra, comme si le flic était à ses côtés et le soutenait. Quelque part, c’était marrant de songer que même lui pouvait avoir ses moments de panique absolue et être vulnérable. Contrairement à ce que ses Frères pensaient, il n’était pas insensible. Incapable de partager, ça oui. Mais insensible, oh non… Pendant des années, il s’était blindé le cœur et l’âme pour ne pas souffrir et là, c’était comme si ce blindage avait complètement disparu. Il se sentait comme le petit prétrans au milieu du camp du Bloodletter. La peur au ventre à chaque pas et les douleurs résiduelles qui lui brûlaient la peau même si des années et des années avaient effacés les ecchymoses et les fractures.
Un cri au loin le fit sursauter. Jusque-là, la colonie sympathe avait été parfaitement silencieuse. D’après les rapports de Xhex et de Revh, la moitié des sympathes s’étaient égayés dans la nature et parmi eux peu survivraient. Ils avaient essayé de comprendre ce qui avait été assez monstrueux pour effrayer les monstres mais ils n’avaient rien ressenti. Et même sous la menace royale de Revhenge, les sympathes restants avaient refusé de parler dans un silence choqué. Wrath et Revhenge s’étaient mis d’accord pour qu’une enquête soit mené et il avait proposé son aide, étant le seul vampire à pouvoir entendre ce que personne ne voulait dire. Surtout, il pouvait contrer les pouvoirs d’un sympathe parce qu’il ressentait les intrusions de ces salopards. Mais dès qu’il avait posé le pied sur la colonie, il y avait une impression diffuse et néfaste. Elle ne venait de personne en particulier et ne ciblait personne. Juste une zone de la colonie qui était contaminée… mais par quoi ?
Un piquet, planté en plein milieu de la ruelle, attira son regard. Attachés par une ficelle au sommet du piquet se trouvaient trois griffes de chat semblait-il, chacune liée par un brin d’herbe. Ca réveillait des vieux souvenirs en lui… de très vieux souvenirs où il n’était pas plus grand que ce piquet. C’était un bâton de peste, une sorte de talisman des contrées d’Europe centrale pour se prémunir de la maladie et ça délimitait la zone dans laquelle il ne fallait pas pénétrer. Il se serait presqu’attendu à voir un jeune prétrans aux cheveux noirs et aux yeux blancs trottiner vers l’avertissement, s’arrêter pour regarder en arrière la peur au ventre et passer la ligne imaginaire en espérant que la maladie l’emporte. Il n’avait pas eu la peste. Il n’était pas mort. Il avait continué à souffrir…
Un rafale de mitraillette le tira de ses mauvais souvenirs et le força à s’adosser à la maison la plus proche. Il n’entendait toujours aucune pensée pourtant au bruit, il savait que des gens se battaient non loin. Aurait-il perdu ses dons ? Un regard sur sa main qui brillait même sous le cuir de son gant lui appris que non. Il n’y avait juste rien à entendre. Il continua son exploration jusqu’à tomber sur la raison de tout ce fracas. Encore une fois, répéter le nom de Butch calma les battements affolés de son cœur. Et il le fallait.
Un grande ombre ailée était en plein milieu de la petite place de la Colonie. Rien n’était particulièrement visible tellement la créature était noire d’encre si ce n’étaient ses yeux qui étaient d’un blanc éclatant, sans la moindre pupille et les deux anneaux d’or qui perçaient ce qui devait être son sourcil droit. Un bras tomba au sol alors que la créature claqua des mâchoires pour le séparer du reste du corps du guerrier qui avait combattu. La casquette des Red Sox gisait dans la boue un peu plus loin et Vishous se vit tomber au sol comme une poupée désarticulé. Il était complètement paniqué. Pourtant ce n’était que sa propre mort qu’il voyait. Il avait toujours été persuadé que ça ne lui ferait ni chaud ni froid et pourtant il se sentait sur le point de s’effondrer au sol en gémissant.
La créature se désintéressa du cadavre pour avance vers lui, marchant sur la casquette déjà maculée de boue. Elle avait l’air… effrayante. Et effrayée.
- Ça ne changera rien…
La voix de la créature était douce et mélancolique. Une larme coula sur la joue noire.
- Je suis désolé…
Elle s’approchait toujours et Vishous recula précipitamment et tomba sur les fesses en tremblant.
- Je suis tellement désolé, Vishous…
- BUUUUUUTCHHHH !!!
Butch ne dormait pas très bien ces temps-ci mais au bout de cinq ou six heures de « je me retourne dans mon lit pour faire croire que mon seul problème c’est ma position », il pouvait espérer tomber dans une espèce de torpeur pas vraiment reposante. Mais le cri de terreur l’avait tiré de cette torpeur en le laissant chuter au sol. Il se dépêtra de ses draps complètement affolé pour ramper plus qu’il ne courrait vers la chambre de V. Celui-ci était recroquevillé contre la tête de son lit avec tellement de peur dans les yeux que le cœur de Butch en manqua quelques battements. Il s’approcha doucement pour ne pas se prendre un coup parce qu’il savait que V pouvait être violent quand il était encore à moitié dans ses visions.
- V… Eh, V, mon pote… Tout va bien, t’es redescendu… Tout va bien…
Il posa sa main sur l’épaule du mâle vampire pour lui montrer qu’il était réel mais il ne compris pas ce qui lui arrivait avant de sentir la poitrine de ce même mâle contre sa joue et les bras puissants lui encercler le cou dans une étreinte désespérée. Tous deux ne virent pas Qhuinn qui s’était précipité, à poil, jusqu’à la chambre ouverte en grand. Il n’avait jamais vu Vishous juste après ses visions et ça le terrifia. Fort heureusement, Butch était là pour le calmer en lui tapotant le dos et en lui murmurant que tout allait bien. Le Flic se tourna un moment vers lui en l’interrogeant du regard.
- Il a dû voir ta mort, Cop…
Dernière édition par Pyrine le Mar 30 Avr - 19:02, édité 2 fois
Chapitre 5: Et si... Ca ne servait à rien? :: Commentaires
Plutôt noir et flippant, comme chapitre, mais très intense et prenant.
Je trouve très intéressante l'ingérence de Qhuinn pour agir sur un futur qu'il connaît. Comme toute fan de SF qui se respecte et connaît ses classiques, je sais bien, moi, qu'il ne faut jamais chercher à changer les événements sous peine d'un retour de bâton qui peut s'avérer catastrophique... bien plus catastrophique que les événements qu'on cherche à empêcher. J'ai hâte de voir où tu vas nous emmener. Sache en tout cas que je suis prête pour la ballade, quelle que soit sa destination.
Merci et bravo
Je trouve très intéressante l'ingérence de Qhuinn pour agir sur un futur qu'il connaît. Comme toute fan de SF qui se respecte et connaît ses classiques, je sais bien, moi, qu'il ne faut jamais chercher à changer les événements sous peine d'un retour de bâton qui peut s'avérer catastrophique... bien plus catastrophique que les événements qu'on cherche à empêcher. J'ai hâte de voir où tu vas nous emmener. Sache en tout cas que je suis prête pour la ballade, quelle que soit sa destination.
Merci et bravo
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